Giacomo Manzoni, Suite Robespierre. 2

Publié le par Clément Pic

Suite Robespierre.

Présentation générale.

L'œuvre, tiré de l'opéra Per Massimiliano Robespierre, a été composé en 1976, 2 ans après lui. L'opéra a été créé en 1975.

Elle est écrite pour un chœur mixte à cinq parties (sopranos, contraltos, tenors, barytons et basses), cinq voix solistes (2 sopranos, une mezzo soprano, un baryton et une basse), un groupe de quatre narrateur qui interprète la voix de Robespierre (deux hommes et deux femmes). Il y a « également un dispositif d'amplification des voix.

Anticipant les conclusions auquelles Jean-François Lyotard parviendra à la fin des années 70 dans la condition post-moderne, Manzoni avait « la certitude qu'il est aujourd'hui impossible de proposer encore, tout du moins de manière sensée, une œuvre « historique », certitude qui, entre autre chose, entraina avec elle le refus de donner à ce travail le simple titre de « Robespierre », et conduisit au choix d'un titre plus médité, malgré son caractère moins incisif: Per Massimiliano Roberpierre1. ».

Modes de jeux de la voix.

Manzoni demande une utilisation riche de la voix: bouche fermée, hauteur libre, sprechgesang, parlé naturel ou parlé rythmé avec ou sans vocalisation approximativement profilé, dans un souffle, chant en glissandi, en tremollo, en vocalise d'intervalles disjoint. Il use de notes répétées rapidement sur une même syllabe selon diverse modalité, du parlé, du cri ou de chuchotement précipité, de transitions lente d'un phonème à l'autre ou de la sur-articulation des lettres.

L'utilisation de voix multiples pour un même personnage l'amène à décomposer les syllabes d'un même terme ou d'une même phrase entre les voix.(mesure 45, donna 1, 2 et 3, en glissandi, mesures 123-128, récitants, modes d'émissions multiples), à superposer les textes (mesure 51, donna 1 et 2), à superposer les phonèmes d'une même unités (mesure 139, chœur), à présenter une même phrase découpée en deux parties superposés une voix sur l'autre, à la reprendre en homorythmie avant de « dérégler » celle-ci (mesures 67 à 74, chœur, sopranos 2 et contraltos 2). Le chœur peut reprendre comme en écho les sonorités des mots déjà prononcés (mesure 140), ou en anticiper certaines (mesure 361).

Bien entendu, ces différents traitements de la voix peuvent se superposer ou s'additionner entre eux afin d'offrir un contrepoint sémantique et timbrique au sein de la masse vocale.

Origine des citations du texte.

La suite Robespierre comporte des extraits de textes des œuvres complète de Robespierre, de lettre à Robespierre de Mme Duplessis, Mme Riquetti et Mr Jaquin, des extraits des mémoires de Charlotte Robespierre, la sœur de Maximilien, d'extraits de la mort de Danton de Büchner, de Les dieux ont soif d'Anatole France, de Robespierre de Romain Rolland et du texte de Puecher Prima stesura drammaturgica per servire all'ellaborazionne di « Per Massimiliano Robespierre ».

Nous sommes donc en présence de deux types de textes historiques: ceux écrits à l'époque où Robespierre est vivant (les discours et les lettres) et d'un texte plus tardif qui se souvient de lui (les mémoires de sa sœur Charlotte). Cohabitent avec ce premier groupe des textes de création littéraire, dramatique (Büchner, Puecher, Rolland), romanesque (Anatole France) et d'inspiration philosophique (Rolland).

1Manzoni, Giacomo, Une musique pour Robespierre, in Manzoni, Giacomo, Écrits, trad. Laurent Feneyrou, p. 309-324, éditions Basalte. Paris, 2006, p.317.

Publié dans Analyses

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article